Manuel Valls à contretemps

Publié: 4 janvier 2011 dans Politique
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Et voilà que Manuel Valls, jouant son échappée personnelle, se distingue une fois encore au sein du PS en déclarant qu’il faut « déverrouiller » les 35 heures, même si le mythe, d’après le refrain martelé par la presse aux ordres, aurait déjà du plomb dans l’aile.

Mais pourquoi ne pas déclarer aussi qu’il faut revenir sur l’abolition de la peine de mort, ne pas se soucier de la justice sociale, bazarder une fois pour toutes les fumeux « acquis sociaux » et repousser la retraite à 75 ans ?

Socialiste en peau de lapin (il ne connaît pourtant pas Grace Slick et ne fume que du belge), Manuel Valls cherche à exister – on dit qu’il se concocterait ainsi une place ministérielle dans un futur gouvernement : un « sarkozysme de gauche »  (oxymore définitif) serait devenu ainsi son triste tropisme.

L’ambition individuelle démesurée à la place de  l’intérêt collectif, le moi exacerbé (même sur les marchés pas seulement financiers), la présence régulière dans les médias type Canal + le dimanche à treize heures, le discours sécuritaire à la Hortefeux, l’approche économique style Lagarde, le député-maire d’Evry (Essonne) a tout balancé par-dessus les moulins. Pour lui, la vi(ll)e nouvelle va commencer ! L’idée peut rester au logis.

(Capture du monde.fr d’hier. Le tag a été rajouté.)

Cet arrogant de Valls, un type d’avant-garde ? Il voulait tout simplement changer le nom du Parti socialiste, oui, tant qu’à faire ! Bien sûr, cet adjectif est complètement ringard (idem pour « communiste », n’en parlons plus, Marx ou crève !), dépassé, obsolète, Blum Blum tralala, on s’en fiche, et le Front populaire ne tient pas la route par rapport à celui qui se prétend national.

Les « primaires » socialistes s’annoncent bien ; quoi de plus normal qu’un Jean-François Copé jubile en louant « le courage » du quadra en costard coordonné avec chemise prune et cravate cerise, et que l’UMP fasse des avances au jeune loup au sourire mécanique ?

Allez, meilleurs voeux pour 2012 : on aura besoin, cette fois-ci, d’un ministre de la météo. Et les travailleurs – ceux qui ont la chance de ne pas compter les heures de labeur –  pas les « prolétaires » (terme honni, précipité une fois pour toutes à la trappe), pourront ainsi aller bosser par tous les temps, même sous la bourrasque et la tempête : Manuel Valls sera maître des événements et du cours de l’Histoire au présent, avec son néolibéralisme réfrigéré en guise de cache-nez ou de passe-montagne.

commentaires
  1. brigetoun dit :

    erreur des médias : oui Valls vous donne de la copie facile, et en profite pour exister. Mais comme pour exister il perd les infimes chances qu’il aurait pu avoir d’être accepté à gauche et comme il ne saurait représenter la droite, il est inutile, donc il n’existe pas, donc épargnez nous de subir vos papiers sur lui

  2. Jean-Luc dit :

    Abject ! Etonnant qu’il n’ait pas été contacté comme transfuge pat N Ier
    Maintenant que l’Ouverture (!) est close, il fait dans le suivisme
    Déjà que Lionel J avait cru judicieux de s’abaisser à copier/coller la campagne de chi sur la sécurité …

  3. Dom A. dit :

    Pardon pour l’expression, mais ce type est aussi bandant qu’un chirurgien esthétique.
    On en vient à regretter le PSU, c’est dire !

  4. Sorcière dit :

    Je viens d’apercevoir un merveilleux croissant de soleil ! wouahhh
    Ca me répare de la stérilité de Valls qui est sans doute en train de proposer ses services au Médef ou à Sarkozy (il y a eu des précédents).
    Le PS aurait avantage à faire un peu de nettoyage (je propose mon balai bien sûr). 😉

  5. Tu es en forme en ce début d’année. Garde des forces pour la suite car la vie politique – en particulier – est d’une incroyable insolence.

  6. […] This post was mentioned on Twitter by Denis Fruneau, Céleste. Céleste said: "Manuel Valls à contretemps " http://bit.ly/f6sbMy […]

  7. patrick verroust dit :

    Valls un franc tireur ou un tireur franc . Il poursuit ses buts. Il débute le député une carrière de ministrable, peu importe que le président soit celui ci ou un ska. Il roulera pour Aubry et sera, s’il le faut, appâté par la Royal canine.

    Tout cela ne sent pas la rose Mais ce n’est pas « la rose l’important ». L’important est de constater que dans le consensus général actuel qui suppose qu’il n’y ait ni rupture ni remise en cause des acquits des « nantis » des classes moyennes supérieures, un Valls peut être le manuel de service pour aller au charbon…Nous n’avons pas fini de vivre des « corvées de bois ». Les acteurs se mettent en place pour nous jouer « la grande Illusion » l’an prochain . Les mascarades des camarades ont commencé depuis longtemps .

  8. Désormière dit :

    On a déjà un Front national de droite, alors non, le » sarkozysme de gauche » qui ressemble un peu trop à une « gauche à droite toute ! » ne m’inspire pas. La droite plutôt à gauche c’est le centre, et inversement. A nous de choisir… Il reste la gauche, ce gros mot que la droite et les médias ont réussi à rendre inaudible. Tendons l’oreille.

  9. Désormière dit :

    « Dominique Paillé, porte-parole du parti, est allé jusqu’à ouvrir « les portes de l’UMP » à Manuel Valls pour y « développer ses idées ». ( cit. check-list, lemonde.fr)
    Bravo ! Qu’il y aille, qu’il y reste.

  10. PdB dit :

    Que ne ferait-on pas pour un marocain ou une mission (voir monsieur lang, monsieur rocard, monsieur monsieur monsieur…)… L’ignoble le dispute à l’ordure.

  11. Moons dit :

    De Marrakech au maroquin, il n’y a qu’un pas de Valls 🙂

  12. Quotiriens dit :

    Ce jeune fringant à l’avantage de vous faire réagir (avec des intonations à la PV).
    Je pense à un « Propos » lu récemment d’Alain, sur lequel je reviens (enseignement monarchique, écrit le 1er juillet 1910, Pléiade p75) et qui se termine par: « Même les socialistes ne s’en font pas une idée nette (de l’éducation des masses); je les vois empoisonnés de tyrannie et réclamant de bons rois. Il n’y a point de bons rois! » (de quelque côté de la Méditerranée).

  13. À lire cette rubrique et les commentaires qui ont suivi, il semble que le ballon d’essai politique de Valls n’ait pas volé très haut. Ce ballon me rappelle aussi cette vérité qui n’était pas politiquement correcte de Coluche : La moitié des hommes politiques sont des bons à rien. Les autres sont prêts à tout.

    • Jacques dit :

      deux remarques 1- d’abord il est difficile de contredire un auteur sur son blog; si on n’est pas d’accord mieux vaut se taire, d’où une unanimité de façade parfois trompeuse …! 2- les hommes/femmes politiques nous en avons besoin, et même plus que jamais; des gens sans idéologie (mais pas sans idées): à cet égard la phrase du cher Coluche n’est qu’un bon mot populiste et démagogique

  14. gballand dit :

    le « courage » de M. Valls, c’est fou comme les mots finissent par perdre leur sens. le PS devient un « monstre » à plusieurs têtes…

  15. Zoë Lucider dit :

    Raah, ça leur fait mal cette réduction du temps de travail, ils ne la digèrent pas alors que c’est l’avenir ! Lafargue préconisait deux heures de travail par jour, le reste ce n’est pas rien foutre, c’est de l’activité libre, c’est à dire sans péage et sans tiroir-caisse!

  16. PhA dit :

    Le vocabulaire aussi est sujet à l’érosion. (Ici, « socialisme ».) Pourtant la réalité persiste.

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