Par une curiosité sans doute malsaine, j’ai allumé la télé hier à 12 h. 41 et l’ai coupée à 13 h. 31. Le soir, j’ai appris que deux milliards de personnes dans le monde avaient regardé le spectacle royal mais elles n’étaient pas toutes branchées sur France 2, dommage pour l’audience.
(Photos : cliquer pour agrandir.)
En fonction de cet événement capital, le journal de 13 heures (suites de l’attentat de Marrakech, répression sanglante en Syrie, tornades aux Etats-Unis, etc.) pourrait attendre plus tard, comme le ciel.
(Photos : cliquer pour agrandir.)
Or, ce qui m’a intéressé, c’est de repérer comment le réalisateur (je n’ai pas cherché son nom, mais ce n’était pas Woody Allen) allait mettre en scène « le mariage du siècle », annoncé urbi et orbi depuis des semaines à longs sons de trompes et d’olifants.
(Photos : cliquer pour agrandir.)
Dès la première seconde, le ton était donné : il faudrait se farcir en permanence l’incrustation de trois logos rouges en même temps sur l’image.
D’abord, une sorte de papillon-médaillon, en haut à gauche, montrant le couple batifolant dans les nuages – ce qui évitait de croire que l’on assistait au tour de France ou à une messe de funérailles à Notre-Dame de Paris – puis, à droite, l’emblème de la chaîne ; enfin, en bas, la mention « Direct » qui prouvait que, oui, on était bien le 29 avril et que ce n’était pas du réchauffé, des fois qu’ils auraient ressorti le film de Lady Dy en 1981 avec sa robe blanche toute froissée (laquelle fut quand même retirée de la naphtaline dans le journal du soir, à titre de comparaison commentée par un spécialiste « fou du Roi »).
(Photos : cliquer pour agrandir.)
L’image ainsi encadrée semblait pourtant un peu vide : une journaliste sur place apparut en quatrième incrustation qui ajoutait ainsi, alors qu’elle se baladait au milieu de la foule enchaînée, sa propre binette aux figures enamourées des Londoniens massés sur le passage du cortège et, plus tard, du cabriolet Aston Martin portant le « L » de l’apprenti-conducteur à l’avant et un « Just Wed » à l’arrière (humour british).
(Photos : cliquer pour agrandir.)
Mais pourquoi, sur cette image de télévision, ne figuraient donc pas les marques d’assurance-vie, de lait maternisé, de dessous chics voire d’un assortiment de pilules qui auraient pu intéresser Kate et William ? Et n’aurait-on pu faire défiler, comme sur une chaîne d’info continue, les cours du CAC 40 en même temps que le dernier exploit d’Al Qaida au Maghreb islamique ?
(Photo : cliquer pour agrandir.)
Dans le même ordre d’idées, on n’ose d’ores et déjà imaginer de quoi pourrait se voir encombrée (hypothèse funeste) l’image d’une télé du service public (s’il existe encore) en mai 2012, lors de la cérémonie d’investiture du nouveau président de la République française… Ainsi, les marques Petit Bateau, Nestlé, Guigoz, Pampers, d’autres encore, auraient déjà retenu, à tout hasard, de nombreux créneaux publicitaires, mais chut !
(Photo : cliquer pour agrandir.)
(Duke Ellington, The Mooche)