Houellebecq piraté depuis quelque temps

Publié: 27 novembre 2010 dans Livres
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C’est un peu idiot que cela lui arrive car normalement son prix Goncourt, parmi l’ensemble de ses publications, sera très bientôt numérisé officiellement. Mais d’ores et déjà (concurrence pour les cadeaux de Noël !), il suffit d’aller sur Internet  pour télécharger directement La Carte et le territoire de Michel Houellebecq.

On obtient alors le texte en format PDF tout à fait lisible – à l’image de ce que produit le plus grand écrivain français et le plus connu à l’étranger –  et tout ça à cause d’une argutie juridique sur laquelle s’est appuyé, depuis quelque temps (le 8 novembre), l’auteur d’un blog.

Pour ce « juriste », puisque l’on trouve dans le livre célébré sous les sunlights du restaurant Drouant des emprunts à Wikipédia (citations non indiquées comme telles), l’œuvre utilise ipso facto la licence Creative Commons By-Sa et donc en devient elle-même une réplique mirobolante.

Cet argument ne fera sans doute pas long feu devant l’éditeur Flammarion et un bataillon d’avocats un peu plus rodés que celui qui semble s’être embarqué dans cette drôle de galère.

On ignore encore la réaction de Michel Houellebecq qui réserve peut-être un chien de sa chienne au blogueur fou et peu clément.

(Houellebecq et Beigbeder. Photo Lydie-Sipa. Le tag a été rajouté.)

En attendant les suites judiciaires éventuelles, voici donc le dernier prix Goncourt en ligne, l’artiste Jeff Koons (dont les créations furent « installées » au château de Versailles) apparaissant dans sa gloire dès les premières lignes :

« Le monde est ennuyé de moy,

Et moi pareillement de lui. »

Charles d’Orleans

Jeff Koons venait de se lever de son siège, les bras lancés en avant dans un élan d’enthousiasme. Assis en face de lui sur un canapé de cuir blanc partiellement recouvert de soiries, un peu tassé sur lui-même, Damien Hirst semblait sur le point d’émettre une objection ; son visage était rougeaud, morose. »

(Note du 30.11.10 à  10 heures 10 : Toute référence par lien à l’ouvrage mis frauduleusement en ligne a été enlevée de cet article, L’Irréductible ne pouvant se payer le recours à un éventuel avocat.)

commentaires
  1. Macha Labecque dit :

    Et vous en faites quoi, des droits d’hauteur ?

  2. @ Macha Labecque : je me contente de reproduire l’article intéressant de BibliObs du 26 novembre, qui renvoie au blog pointant un lien d’ouverture vers l’oeuvre houellebecquienne récompensée récemment. Vous seriez une cousine éloignée de l’exilé irlandais ?
    Maintenant, attendre les mises en demeure de Flammarion. Les « téléchargeurs » seront-ils également poursuivis ?

  3. sylvaine vaucher dit :

    Et j’ai essayé même la version gratuite est sur mon bureau : With free transfers you have to wait
    30 seconds. Why?

  4. sylvaine vaucher dit :

    J’ai vu, mais avec ou sans canigou, ou kit et Kat, …“Dans la cuisine, quelques pas derrière lui, le chauffe-eau émit une succession de claquements
    secs. Il se figea, tétanisé. On était déjà le 15 décembre…. » LOL

  5. gballand dit :

    Houellebecq qui avait déjà l’air de désespérer considérablement des hommes – ne vit-il pas avec une petite bête à poils ? – n’en désespèrera que plus et, sans doute, sera-ce le point de départ d’un nouveau livre…

  6. Sammy dit :

    J’étais au courant de cette histoire… j’ai même téléchargé le pdf, plus par opportunisme que par réel intérêt, car je n’ai pas vraiment l’intention de lire le dernier Houellebecq, du moins pas pour l’instant, tant il me semble a priori mauvais (mais je le lirai un jour, ne serait-ce que pour vérifier mon impression)

    Personnellement, je trouve la théorie de la « contagion du creative commons » plus que tirée par les cheveux ; plus proche de la mauvaise foi que de la rigueur juridique à vrai dire. Et il en faut, de la mauvaise foi, pour feindre d’ignorer les emprunts, les citations, utilisés comme procédés littéraires, et s’en servir comme argument pour, tantôt crier au plagiat, tantôt déclarer la libre accessibilité de l’œuvre…

    Ceci dit, gageons que MH sait savourer à leur juste valeur ces petites anecdotes. Sans doute a t-il commencé un nouveau livre, où Florent (mais dans qu’allait-il faire dans cette gallaire ?) figure en bonne place parmi les personnages qu’il ne se donne désormais plus la peine d’inventer.

  7. @ Sammy : je partage tout à fait votre analyse.
    M.H. pourra aussi rajouter le probable épisode judiciaire (avec la liste des « téléchargeurs », même par simple curiosité, une fois identifiés)…

  8. Dom A. dit :

    N’importe qui pour peu qu’il soit futé (et à ses risques et périls) peut télécharger presque tout sur internet en un rien de temps. Pas besoin d’un blogueur en manque de reconnaissance pour ce faire, mais bref.
    Ne pas lire ce livre, c’est une rébellion, c’est ça ? Il est trop lisible, trop facile ? (je pose la question).

  9. @ Dom A. : tu réponds à qui ? A Sammy ? J’aurais dû préciser que j’étais d’accord avec ses deux et troisième paragraphes. Ne pas lire Houellebecq relève d’un choix personnel : ici on apprend qu’il est « lisible », pour celui qui le désire, en toute illégalité, c’est tout.

    Mais si tu l’as déjà lu, quelle est ton opinion ? Elle m’intéresse.

  10. Zoë Lucider dit :

    Ce personnage m’est vraiment trop antipathique, alors si c’est un pépère à chien chien ça n’arrange pas son crédit et je n’ai même pas envie de cliquer pour m’encombrer de son univers désespérant. Mais ça m’amuse plutôt ce petit tour de boomerang

  11. @ Zoë : voilà, c’est le boomerang du Goncourt qui est notable. Mais « l’ennemi public » auto-célébré aurait ainsi réussi à déclencher un acte hostile à son encontre — après l’avoir longtemps cherché — sous la forme d’un lancer de PDF contre lequel il peut maintenant s’élever avec la figure de martyr (ou de chien battu) qui lui sied en fin de compte.

  12. patrick verroust dit :

    Publier sur le net, c’est « gallaire » et compagnie réunie, je suis en train d’en faire l’amère expérience. Le pot aux roses fut découvert à partir d’un conte sur un navire pirate avec un équipage de mutine.

  13. @ patrick verroust : quelle « amère expérience » ?

  14. PdB dit :

    On espère qu’ainsi ce prix Goncourt sera tiré à plus de 400 000, que l’écrivain en profitera pour faire un film, ou un nouvel opus avec cet ami au col ouvert, ou quelque chose d’aussi intéressant et fécond que le reste de sa production (ce que je n’aime pas, c’est sa manière d’être décomplexé, comme d’autres qui se pensent comme lui avec leur haine de l’autre portée haut comme un drapeau ignoble)

  15. gballand dit :

    Merci pour le lien sur M. H.
    Drôle d’oiseau…

  16. @ gballand : il ne manque pas d’ailes.

    @ PdB : le scénario est en effet tout trouvé !

  17. Moons dit :

    « L’Irréductible ne pouvant se payer le recours à un éventuel avocat. »
    Ni surtout courir le risque de se voir affublé du qualificatif de « réactionnaire » !
    L’Irréductible serait plutôt de la famille des Fouga Magister.

  18. @ Moons : ce qualificatif a été utilisé par le monde.fr de ce matin (check-list des abonnés, à 8 h.) concernant les blogs ayant relayé l’info, alors que lui-même met un lien vers… le blog incriminé !

  19. Si des parties  » empruntées  » dans Wikipédia sont présentes dans l’ouvrage, bonjour Flamarion pour défendre le droit d’auteur. Ecrivant moi même des livres (techniques) et contribuant aussi à Wikipédia. je pense être impartial en disant que, au minimum, il ne sera pas aisé de justifier de la notion de « propriété originale « .

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