Archives de 6 décembre 2010

Lorsque Nicolas Sarkozy s’envole à l’étranger dans son petit avion rénové, il se répand soudain comme un nuage d’air pur sur la France. En ce moment, il se trouve en Inde, du 4 au 7 décembre, pour un « voyage de travail » – avec détour par le Taj Mahal d’Agra – et voilà que l’on ne sent plus de la même manière ce poids tutélaire, cette présence permanente dans les médias. L’exotique tend à remplacer la politique.

Certes, comme l’a écrit récemment Christian Salmon dans Le Monde en citant l’exemple de Barack Obama, les campagnes marketing peuvent se retourner contre leurs auteurs : trop d’images tuent l’image. Et WikiLeaks a joué le rôle d’un boomerang peu diplomatique.

Mais le couple présidentiel français, avec Carla navigant de surprise en surprise, intéresse les journalistes indiens, en tant qu’acteurs rêvés d’un film bollywoodien, même si quelques méchantes langues n’ont pu s’empêcher de faire courir des rumeurs déplaisantes sur le plus haut représentant de l’Etat.

Le but de ce déplacement ? D’abord économique, ensuite politique, touristique enfin (pour la deuxième fois). Il est intéressant, à cet égard, de lire intégralement le discours du président de la République, prononcé à Bangalore le 4 décembre à l’Indian Space Research Organization.

(Photo parue dans The Times of India du 4.12.10. Le tag a été rajouté.)

En voici un court extrait :

« Je voudrais dire combien nous sommes heureux de participer à la construction du site de Jaitapur, heureux qu’Areva devienne un partenaire essentiel de l’énergie nucléaire indienne. Les 6 EPR franco-indiens fourniront 10 000 mégawatts d’énergie non polluante à l’économie indienne. J’attire (sic) d’ailleurs l’attention de l’ensemble des observateurs sur l’incohérence qu’il y aurait à demander à l’Inde de participer à la maitrise (sic) de son développement pour qu’il soit durable et non polluant (bis) et à restreindre, dans le même temps, la capacité de l’Inde à acquérir cette énergie nucléaire civile, qui est non polluante (ter) et qui respecte l’environnement. Soit on veut que l’Inde participe aux grands défis écologiques du XXIème siècle et dans ce cas la (sic) on facilite son accès au nucléaire civile (sic) qui est une énergie non polluante (re-ter), soit alors on ne peut pas mettre (sic) à l’Inde des obligations sans lui donner les moyens de respecter ces obligations. »

Si l’on examine les exportations françaises vers l’Inde durant les neuf premiers mois de l’année, il reste hélas un secteur déficitaire que Nicolas Sarkozy connaît bien, et qu’il aura sans doute à cœur de promouvoir durant son séjour : celui qui figure en dernière position dans le tableau ci-dessous.

(Tableau paru dans Les Echos du 3 décembre.)

Enfin, L’Irréductible a pu se procurer un télégramme envoyé à l’Elysée le 30 novembre par l’ambassade de France à New-Delhi. Nous le publions ici avant que d’autres ne le fassent sans aucun scrupule. La transparence du sari s’applique aussi à Nicolas Sarkozy.

« Amb. FR/ND/JB.456/DS/9876/KL7/301110. Lourde concurrence des Américains sur le marché indien. Faire jouer à CBS le rôle câlin de l’amour des Français pour le pays de Gandhi. Surtout, insister sur les transferts de technologie offerts et les échanges d’étudiants. Promettre un coup de pouce spécifique (suppression totale de la TVA) pour les restaurants indiens en France. Proposer de rendre obligatoire le thé indien dans toutes les cantines scolaires et universitaires françaises. J.B. »