Archives de 30 décembre 2010

Parfois, il arrive ou advient que l’on sache que la photo sera sans doute OK : c’est à l’instant précis où on la prend, la capture, comme si l’hameçon avait soudain ferré et le poisson mordu.

J’ai ressenti cette sensation hier, alors que le jour qui rallonge commençait à laisser la place à sa cousine noctambule, en me dirigeant, par le quai de Jemmapes, vers le commissariat de police de la rue Louis Blanc (Paris, 10e).

Pour une serrure de porte de cave forcée sans résultat (mon vélo n’avait pas bougé), l’assurance exige en effet que l’on dépose plainte si l’on tient à se faire rembourser les 310 euros d’ouverture, de réparation et de déplacement réclamés par le spécialiste.

Et puis j’ai aperçu cette silhouette, ce mannequin quelque peu fantomatique : peut-être un leurre laissé par le cambrioleur dépité ? Les deux verrous sur la porte en bas l’avaient finalement dissuadé, mais celle-ci ne s’ouvrait plus, il fallait intervenir.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Ce qui rassure, dans ce commissariat, c’est la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 gravée sur un pan de mur entier. La République est encore lisible et ses serviteurs, ici, sont fort polis et rapides.

Peu avant de signer ma déclaration, tapée sur micro par un gardien de la paix (belle dénomination en voie de disparition), j’avais pris une autre photo, en face c’est le quai de Valmy. Le soir, les photophores s’allument.

J’ai bien aimé, dans les quelques commentaires suivant mon « post » du 29 décembre sur la pièce de théâtre Rêve d’automne, mise en scène par Patrice Chéreau, la remarque faite par l’artiste Sophie K.

Oui, sauter à l’intérieur d’une photo peut représenter, à de rares moments, une irrésistible tentation – comme celle de traverser un écran d’ordinateur ou de cinéma.

(Photo : cliquer pour agrandir.)