Jean-Michel Basquiat, à l’aise

Publié: 24 décembre 2010 dans Expositions
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Ils voisinent tous les deux dans le même musée, par la grâce d’un maire ouvert à l’art : Jean-Michel Basquiat, mort à vingt-huit ans, et les ados photographiés par Larry Clark.

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Le premier est exposé dans une suite de salles où l’on peut découvrir, dévisager, délier son parcours pictural, des représentations minimalistes aux œuvres peintes à même des structures en bois, après avoir partagé un temps sa démarche avec Andy Warhol.

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Grafitti, école de la rue, graphes, ô man, graphiteur gravant le léger soupçon de la vie au poinçon, toiles zébrées à grands traits, cadres cloutés où le jute explose, têtes de « nègres » ou de fous et musique de jazz…

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Sensation éclair du présent, anatomie d’une main à pinceau, les avions roulent, les voitures volent, les lettres planent, et puis la litanie des inventeurs ou penseurs, les noms se succèdent, ils font partie de la mémoire commune, la peinture les chante, les imprime, l’hommage est de leur temps malgré les siècles.

(Photo prise par Andy Warhol. Cliquer pour agrandir.)

Certains tableaux de Basquiat sont des 33 tours, des galettes, reproduction mais à distance (celle de l’oreille qui voit) des créateurs : Charlie Parker, Miles Davis… Le diamant est le fil, sillon pictural qui s’enroule sans fin.

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Les déménageurs en tenue de travail bleu clair avec leur fauteuil rouge semblent flotter dans l’air : tout est mouvement (to move), désir d’ailleurs. Vers la fin, formule répétitive « Man’s Death », trois pattes d’oiseau.

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A dix heures du matin, hier, les visiteurs enduraient le froid avant que les portes ne s’ouvrent. Plus tard, en sortant du Musée d’art moderne, la neige : héroïne du jour, blanche alliée de l’aplat noir (par contraste obligé avec des rouges, des bleus, des jaunes), élancé, torturé, raturé, signé.

(Photo prise par Lizzie Himmel, New York, 1985. Cliquer pour agrandir.)

commentaires
  1. brigetoun dit :

    j’ai reculé l’autre week end à Paris devant l’idée de cette attente (je n’ai jamais supporté ces files, je n’allais voir que les expositions pour lesquelles j’avais coupe-fil) – mais le désir était grand de la voir cette exposition – plaisir aussi de retrouver sur vos photos les beaux espaces du musée, comme une petite madeleine

  2. @ brigetoun : heureusement, Basquiat n’a pas la notoriété de Monet, et la file d’attente n’a pas dépassé dix minutes (idem pour ceux qui n’avaient pas de billets). Avec un thé brûlant, la madeleine aurait été la bienvenue.

  3. Marie dit :

    Ils s’avoisinent dans un bel art …. Merci pour le partage 🙂

  4. @ Marie : Basquiat fut un ado prolongé.

  5. stéphane dit :

    Pour gouter pleinement le début du marché de l’art contemporain et l’arrivée du street art dans les galeries dont Basquiat est le premier symptôme et pas forcément le plus passionnant, il faut aller voir le film de Banksy.
    Cette exposition est surtout intéressante pour voir l’émergence du marché de l’art qui se rapproche de plus en plus de la bourse. Sur le plan artistique, Basquiat n’a malheureusement pour lui et peut être pour nous, heureusement pour les investisseurs, vécu assez longtemps pour que son évolution puisse aller à son apogée. Je suis resté sur ma faim.
    Il y a une autre exposition autrement plus intéressante, mais malheureusement moins médiatisée avec un immense peintre lui aussi mort trop tôt. C’est Nussbaum au musée du judaisme. C’est tout simplement génial, c’est un véritable peintre, il suffit de voir la diversité des oeuvres et c’est un artiste qui nous a laissé un témoignage d’une période trouble. L’art n’était pas encore qu’un marché. Un point intéressant il n’y a pas la queue.

  6. Jacques dit :

    ce qui fascine (trop) chez Basquiat c’est le côté kamikaze de l’art, ses références … au diable (les drogues, Warhol), le mélange Rimbaud-VanGogh-Radiguet: l’étoile filante en somme. Est ce qu’un artiste vieux, voire très vieux (Picasso, Debré, …) quand il finit sa course n’a pas finalement plus d’intérêt ? Mais notre société aime les morts jeunes et dramatiques; Marylin et les toreros.

  7. Zoë Lucider dit :

    Ce qui m’intéresse chez Basquiat c’est qu’il n’avait aucune chance au fond de s’en tirer et qu’il a néanmoins réussi à imposer ses visions. C’est un coloriste allumé. Et quelle élégance sur la photo de Lizzie Himmel!

  8. @ Stephan : pas vu le film de Baksy. Mais ne capter Basquiat que sous cet angle-là est sans doute réducteur, surtout si l’on n’a pas l’intention d’acheter ! Nusbaum, oui, pas encore visité non plus : il a vécu à une époque plus tragique. Mais chut ! Vous risquez d’attirer les foules et de faire monter sa cote.

    @ Jacques : L’étoile filante a sa propre beauté, comme celle qui est fixe. Il suffit d’apercevoir l’une ou l’autre, la première n’étant pas exclusive de l’autre.

    @ Zoë Lucider : « Beautiful losers »…

  9. Quotiriens dit :

    Basquiat avait une originalité artistique, j’ai plus de mal avec Warhol; mais les goûts et les couleurs (sérigraphiques).

  10. la bacchante dit :

    La neige des rues de Paris en accord majeur ou mineur avec Basquiat?

  11. @ la bacchante : harmonie avec pause.

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