La mère du philosophe Jean-Paul Sartre (ne pas confondre avec le mariolle Luc Ferry), Anne-Marie Sartre, était la cousine du célèbre Albert Schweitzer.
J’ai repensé à ce lien de parenté en apercevant, mercredi, une plaque professionnelle que j’ai prise en photo à l’instant même où un passant s’approchait.
(Photo prise à Paris le 1er juin à 16h.19. Cliquer pour agrandir.)
Dans Les Mots (1964), Sartre écrit, en évoquant notamment son grand-père Charles Schweitzer (Folio n° 607, 1991, page 64) :
« Ces lectures restèrent longtemps clandestines ; Anne-Marie n’eut même pas besoin de m’avertir : conscient de leur indignité je n’en soufflai pas mot à mon grand-père. Je m’encanaillais, je prenais des libertés, je passais des vacances au bordel mais je n’oubliais pas que ma vérité était restée au temple. A quoi bon scandaliser le prêtre par le récit de mes égarements ? Karl finit par me surprendre ; il se fâcha contre les deux femmes et celles-ci, profitant d’un moment qu’il reprenait haleine, mirent tout sur mon dos : j’avais vu les magazines, les romans d’aventures, je les avais convoités, réclamés, pouvaient-elles me les refuser ? Cet habile mensonge mettait mon grand-père au pied du mur : c’était moi, moi seul qui trompais Colomba avec ces ribaudes trop maquillées. Moi, l’enfant prophétique, la jeune Pythonisse, l’Eliacin des Belles-Lettres, je manifestais un penchant furieux pour l’infamie. A lui de choisir : ou je ne prophétisais point ou l’on devait respecter mes goûts sans chercher à les comprendre. Père, Charles Schweitzer eût tout brûlé ; grand-père, il choisit l’indulgence navrée. Je n’en demandais pas plus et je continuai paisiblement ma double vie. Elle n’a jamais cessé : aujourd’hui encore, je lis plus volontiers les « Série Noire » que Wittgenstein. »
(Photo, ce matin : cliquer pour agrandir.)
(Billie Holiday, Blue Moon)