Archives de Mai, 2011

(Capture d’écran de La Repubblica.it du 30.5.11. Cliquer pour agrandir.)

Elections régionales et municipales en Italie, résultats définitifs hier (second tour) : une claque magistrale (mais pas au sens théâtral) pour le président du Conseil Silvio Berlusconi.

Milan, son fief, est désormais aux mains d’un ancien communiste, Guiliano Pisapia, et Naples n’a pas échappé au typhon. D’autres municipalités sont tombées aussi à gauche, entraînant les petits corrupteurs dans la chute avec leurs magouilles et prébendes installées depuis des années (2008 pour Il Cavaliere). Même la Ligue du Nord s’interroge…

(Capture d’écran du Figaro.fr du 30.5.11. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

Un vent du large souffle enfin sur les ordures encombrant les palais et les trottoirs.

Même le cabinet du docteur Caligari en frissonne, si l’on en croit les courants d’air qui parcourent soudain une ville italienne au nom presque semblable.

Qui a dit, là-bas ou ici, que voter pour la gauche ou la droite, c’était pareil et inutile ?

Le peuple italien donne une belle leçon d’hygiène démocratique à l’Europe et à la France.

(Photo prise à Florence le 31 juillet 2008 à 9h.31. Cliquer pour agrandir.)

(Modena City Ramblers, Bandiera Rossa)

On apprenait hier, en début d’après-midi, que Georges Tron, secrétaire d’Etat à la fonction publique, avait enfin démissionné du gouvernement (à la suite d’un conseil appuyé) et que ses occupations étaient récupérées par François Baroin.

(Capture d’écran du « Parisien » d’hier. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

Pendant ce temps-là, « Les Indignés » de la Bastille ne se souciaient sûrement pas de cette anicroche de l’Histoire, mais Stephane Hessel n’avait pas manqué de rappeler, samedi à Rennes, qu’il importait également de voter aux prochaines élections présidentielles.

(Photo Libération du 29.5.11. Cliquer pour agrandir.)

La veille, François Fillon avait émis, devant les têtes pensantes de l’UMP, cette phrase digne d’une « réflexologie » approfondie : « Le PS doit ravaler ses leçons de morale », injonction amusante et prémonitoire.

(Capture d’écran du monde.fr. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

Georges Tron a donc envoyé sa lettre de démission, publiée hier intégralement par L’Express, dans laquelle il termine par un fort engagement : « Je retrouverai rapidement ma ville et ma circonscription qui demeurent, malgré les tourments, un stimulant point d’ancrage ».

Cette précision à double sens s’imposait.

(Aristide Bruant, Nini peau d’chien]

Dans Midnight in Paris, Woody Allen aligne les cartes postales sur la capitale et fil(m)e une seule idée : le retour « magique » vers le passé. Cette comédie aux couleurs altérées de temps en temps par un filtre, sans aller jusqu’au sépia – même le restaurant La Méthode s’invite ici l’espace de deux secondes – fait renaître des écrivains américains célèbres (Scott Fitzgerald, Hemingway, Gertrude Stein…) ou des figures artistiques des années trente (Picasso, Dali, Man Ray, Bunuel…) puis de la Belle époque et au-delà (Toulouse-Lautrec, Degas, Gauguin, Matisse…), dans un tourniquet de clichés parfois assez amusant.

(Photo : Paris, quai de Loire, hier soir. Cliquer pour agrandir.)

Déguisée en guide du musée Rodin (la scène de la boulangerie a été coupée au montage), Carla Bruni apparaît dans deux séquences comme une « actrice » lisse et appliquée : elle ne possède pas l’abattage, sur le plan cinématographique, de Marion Cotillard ou la finesse de Léa Seydoux.

En fait, on repense, à la sortie de cet aimable divertissement, à un film comme Manhattanle cinéaste avait donné toute la mesure – à la hauteur d’un skyscraper – de son talent. La comparaison est cruelle, même si ce quartier est redevenu ces derniers jours le point focal de tous les objectifs grâce au nouveau « résident » installé à Tribeca.

(Capture d’écran du Nouvelobs.com. Cliquer pour agrandir.)

Sur le plan publié ci-dessus on notera, dans les environs du lieu où se dresse la maison louée pour le séjour de DSK , les mentions de Peck Slip, Chinatown et Allen Street.

(Sidney Bechet, Blue Horizon)

Métro, boulot, moto

Publié: 27 Mai 2011 dans Poésie
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Comme un petit train Hornby, au loin, qui naviguerait au-dessus la Seine : aussitôt vu, aussitôt disparu, métro vert et blanc ; mais sur le quai, en roulant, garder les yeux uniquement sur le compteur de vitesse ((ne pas dépasser ici les 50 km/h), radars planqués, un vrai boulot.

 (Photos prises le 24 mai. Cliquer pour agrandir.)

Et puis, ces chevaux modernes toujours à l’heure – bracelet électronique ? – qui caracolent sur la façade du Louvre. J’imagine aussi les tours de Notre-Dame comme futur support commercial vantant, par exemple, Coco de Chanel (mannequin sur belle moto, jolies couleurs crème) : les canaux de la pub demeurent impénétrables.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

(Steve Reich, Different Trains)

Là, une mini-vidéo, manière de prendre de la distance ou de survoler l’actualité (car, oui, on en parle partout ailleurs, alors pourquoi sur ce blog aussi ?).

« Parisian pariah », Dominique Strauss-Kahn n’est donc plus tout seul : en France, le « harcèlement sexuel » aurait tout à coup frappé – Georges Tron, sonné – au sein même du gouvernement et de l’UMP.

Misère !

Plût au ciel qu’il nous épargne cette nouvelle catastrophe : les grenouilles, décidément, ne savent plus se tenir.

Imaginons un blog sans textes, sans photos ou vidéos, sans musique, sans commentaires (et sans réponses).

(Photos prises hier matin à Saint-Denis, 93. Cliquer pour agrandir.)

Un blog parfaitement pur : virtuel – celui que chacun dactylographie dans sa tête, dans le vent ou le soleil, dans la pluie ou les nuages, dans le noir qui scintille en jouant à cache-cache avec des visages ou des paysages vus une fois puis plus jamais.

(Photos : cliquer pour agrandir.)

Ce serait alors peut-être l’équivalent de cet aphorisme de Lichtenberg : « Un couteau sans lame auquel manque le manche » ?

(Photos : cliquer pour agrandir.)

Alors, la pensée vagabonde, en premier lieu.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

(Purcell-King Arthur)

Pour Christine Lagarde, une opportunité exceptionnelle s’offre dans les prochaines semaines, celle de prendre la place occupée jusqu’alors par DSK à la tête du FMI, et qu’il a dû céder à la suite de son inculpation pour activités hôtelières présumées non orthodoxes au Sofitel de New York, et sa démission obligée de son poste à Washington (la washing machine s’est mise en route, le tambour a tourné et battu).

Ainsi, la ministre actuelle de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, qui a effectué une partie de sa carrière aux USA comme chef d’un grand cabinet d’avocats, et qui est parfaitement bilingue, pourrait remplacer – si son intervention dans l’affaire Tapie vs Crédit Lyonnais ne lui renvient pas en boomerang dans la figure – le célèbre coupable désigné qui devrait peut-être, d’après The New York Post, s’il est condamné, revenir en France pour tester le confort des prisons hexagonales qui n’ont rien à envier à celle de Rikers Island (Claude Guéant semblait bien informé sur le sujet).

Hier soir, on apprenait que des traces d’ADN de DSK avaient été relevées sur les habits de la « victime » jusqu’alors présumée.

Ainsi, la ronde des événements s’accélère-t-elle : la chaise musicale semble faire le trottoir, sur un rythme qui n’est pas sans rappeler celui de certaines danses américaines que l’on voit dans nos films américains préférés : aussitôt, je repense à The Deer Hunter (« Voyage au bout de l’enfer », 1978), de Michael Cimino, dans lequel joue, notamment, le tout récent président du jury du festival de Cannes, Robert De Niro.

(Photo : Paris, rue Bichat, Xe, hier.)

(Charlie Parker, Visa)

Sur le parvis du musée d’Orsay, samedi dernier, en attendant l’ouverture de l’expo Manet (« inventeur du Moderne », titre bizarroïde) à 17 heures 30 pour les possesseurs de billets « réservés », j’ai entendu soudain le même carillon qu’à la gare du Nord, annonçant un message sur les horaires : gimmick sonore identique à celui qui prévient que « le TGV numéro 2806 en provenance de Lille entre en gare au quai numéro 13 ». Sans doute un hommage clin-d’œil ou d’oreille au passé du bâtiment ?

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Il faut dire que j’allais un peu à reculons à cette expo, pour laquelle j’avais finalement dit « oui », car Edouard Manet n’est pas vraiment un de mes peintres préférés.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Mais l’hommage qui lui est ainsi rendu (du 5 avril au 3 juillet) permet de mieux découvrir son œuvre, son évolution, y compris son engagement politique (représentation d’Emile Zola ou « zoom » sur l’évasion d’Henri Rochefort en barque).

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Outre les toiles bien connues – la force de voir en vrai et de tout près (on pourrait presque toucher, vu le faible nombre de gardiens et la proximité des tableaux) Le Déjeuner sur l’herbe, Olympia ou Le Balcon – j’ai alors particulièrement apprécié Le Petit Lange (1861) et Les Bulles de savon (1867).

(Scan : Les Bulles de savon, Lisbonne, Fondation Calouste Gulbenkian.)

Dans la section « Le moment  Baudelaire », un admirable autoportrait de celui-ci, qu’il a dessiné au crayon rouge, et qui éclipse les croquis de Manet lui-même ! Il est vrai que ce dernier peindra la maîtresse du poète, étendue sur un lit, avec un sens de la perspective tout particulier. Et découverte aussi de la lumière d’été aveuglante Chez le Père Lathuille (musée des beaux-arts de Tournai).

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Et puis, dans la série des portraits de Berthe Morisot, il y a l’étonnante représentation de cette femme-peintre, dont les yeux sont montrés au travers de l’éventail – qui lui sert en fait de loup – derrière lequel elle se dissimule plus ou moins.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Sur le livre d’or du musée, près de la sortie, on peut lire beaucoup de réclamations concernant les horaires mal indiqués, les fermetures inopinées, l’accueil déplaisant, etc. Concernant l’expo Manet, rien à signaler pourtant : juste un type qui se faisait traîner hors des salles par quatre gros bras pour une raison inconnue.

Le réalisme est sans doute à prendre avec philosophie.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

(Debussy, 1ère Arabesque)

(Photo : La Conciergerie, le 21 mai à 22 h.12.)

(Terry Riley, A Rainbow in Curved Air)

C’était, après le combat de boxe (l’uppercut n’avait pas été utilisé, trop difficile à manier), « la descente aux enfers » et autres métaphores dantesques. J’en frissonnais à chaque coin de rue mais je faisais comme si de rien n’était.

(Photo : Paris, 19 mai. Cliquer pour agrandir.)

Ici aussi, les flics avaient des menottes accrochées à la ceinture, il faut dire qu’elles étaient en vente libre dans les magasins d’armurerie ou les boutiques spécialisées. Chacun pouvait même se faire serrer, s’il en avait envie, sans aller dans un commissariat de police.

Je conduisais ma voiture tranquillement, sous l’œil invisible des radars, des jumelles et des gyrophares avec caméras. Les arbres défilaient, le véhicule, lui, ne bougeait pas : quelqu’un avait sans doute inversé les rôles.

En ville, c’était le règne des « dos d’âne », dodelinant sur le macadam tous les cent mètres, petites montagnes russes à la portée de l’automobiliste non aventureux. A la campagne, on avait carrément supprimé les montées et les descentes à cause de leur dangerosité.

(Photo : vers Saint-Denis. Cliquer pour agrandir.)

Alors, la vie était paisible, sans doute plus qu’à Rikers Island. En France, les prisons rassemblaient seulement, à la date du 1er mai, un total de 64 584 occupants – soit à peu près un quart de la population du pénitencier d’où venait d’être extrait DSK  qui « emménage près de Ground Zero », un titre-symbole –  pour un total de 56 150 « places opérationnelles ».

Je suivais attentivement les panneaux qui m’indiquaient la fin du calvaire : une sécheresse menaçante avait désormais tout envahi, on ne trouvait plus une seule bouteille d’eau minérale dans aucun magasin ou supermarché. J’avais mis l’autoradio à fond.

Mais tant qu’il y avait encore de l’essence pour aller jusqu’au point de ravitaillement, l’espoir pouvait rouler sa caisse – en respectant les limitations de vitesse.

(Photo : Cliquer pour agrandir encore.)

(The Animals, The House of the Rising Sun)