Articles Tagués ‘photos’

Signes de rues

Publié: 12 juin 2011 dans Photographie
Tags:, , ,

Quelques photos prises hier dans mon quartier (Paris, Xe).

(Rue Jean Poulmarch, 9 h. 43, cliquer pour agrandir.)

(Rue Jean Poulmarch, 9 h. 46. Cliquer pour agrandir.)

(Rue de Lancry, 9 h. 47. Cliquer pour agrandir.)

(Rue Albert Thomas, 9 h. 54. Cliquer pour agrandir.)

(De plus près. Cliquer pour agrandir.)

(Rue Léon Jouhaux, 17 h. 13. Cliquer pour agrandir.)

(Muddy Waters, Whiskey Blues)

Un quizz photos pour « DSK »

Publié: 17 Mai 2011 dans Actualité
Tags:, , ,

Ces photos ont été prises – sans aucune intention maligne – le 14 mai dernier, dans le quartier du Carreau du Temple (Paris, 3e) et alentour.

A chaque lecteur ici, en fonction de l’actualité qui a porté « DSK » à la « une » – tout en s’en défendant magnifiquement, pour certains, hier, dans un édito mondain et anonyme ou dans le journal de France 2 à 20 heures, présenté par le frétillant David Pujadas – d’imaginer une légende, un commentaire, un avis, une remarque ou même rien du tout.

(Scan : leParisien.fr d’hier. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

Les plaintes éventuelles contre une possible sentence de cet ordre-là sont recevables et donc à adresser directement à la prison de Rikers Island, New York (NYC), USA, où est désormais enfermé le présumé coupable.

(Photos : cliquer pour élargir.)

(Louis Armstrong, What a Wonderful World)

« Il y a certaines idées puissantes qui vomissent le bruit, la flamme et la fumée, et qui traînent, remorquent, conduisent et emportent tout un siècle.

Malheur à qui ne sait pas bien mener ces effrayantes locomotives !

Savoir au juste la quantité d’avenir qu’on peut introduire dans le présent, c’est là tout le secret d’un grand gouvernement.

Mettez toujours de l’avenir dans ce que vous faites ; seulement, mesurez la dose. N’en pas mettre du tout a perdu Louis-Philippe ; tout mettre, jeter tout l’avenir en bloc dans le présent, a compromis la grande œuvre de 1793.

Les marins doivent le plus austère de leur vertu à ce qu’ils sont toujours en présence de l’imprévu et de l’inconnu. De là le dévouement, l’abnégation, le courage, l’oubli de soi-même, la gaîté hardie, la foi en Dieu, une certaine rudesse insouciante et satisfaisante. Ce que l’océan fait pour le marin, les révolutions le font pour le citoyen. L’imprévu et l’inconnu, contemplation féconde, attente sombre qui grandit les âmes. »

Victor Hugo, Choses vues, 1830-1848 (Folio n° 2944, mars 1997, pages 791-792).

(Photos : Paris, 10e,  le 11.2.11 matin. Cliquer pour agrandir.)

Abruptement, comme un rappel, j’ai aperçu hier l’inscription au pochoir sur le mur et j’ai continué ma route, la mélodie et les paroles d’une chanson en tête. Au détour de cette rue ou d’une autre, le hasard, avec la hache de son « z » caché, fendait la mémoire ineffaçable (croit-on). Je revoyais soudain Jean-Louis Trintignant à Uzès, en juillet 2009.

Il n’y aurait donc pas de légende apparente sous ces photos, traces d’instants aussitôt perdus que fixés.

Pas encore achevé d’imprimer

Publié: 14 novembre 2010 dans Danse
Tags:, , ,

Archives du Nord

de l’Est, de l’Ouest, du Sud

mémoires d’Hadrien ou d’Alain

images perdues au fil de l’eau

dans le miroir d’une mer informatique agitée

frénétique, impitoyable, immémorielle

souvenirs illustres ou illustrés

l’Histoire se gomme même sans grains minuscules

à la place de la tête un disque dur effacé

un texte se mariait avec une photo

un cadrage avec quelques lignes tirées sur l’horizon

beau couple souriant devant l’objectif

et puis les lettres ont divorcé du paysage

les figures se sont évanouies de l’écran

fondu déchaîné

transparence totale, rideau, diaphragme fermé

le blanc total est plus reposant

voici des liens et des fleurs imaginaires

celles-ci envoyées sans doute de Tarbes

cela ne mène à rien mais qui voudrait trouver le sens

les abrutis ont mis les mains dans le cambouis

ils ont touillé en rigolant comme des égouts

tout cela n’est pas grave, juste un « incident »

mais qui s’intéresse encore aux blogs ?

vive la sociale (et ses réseaux)

Mordillat s’en mord les doigts

faire confiance alors à un support fiable

plateforme réelle avec carte et territoire

les photos qui ne bougent pas intempestivement

la texture fragile mais vélin doux

caresse de l’odeur subtile, fraîche, encre du poulpe,

les pages tournent même avec un petit bruit

Rolin stoned à Bakou

c’est rétro le papier

pas encore achevé d’imprimer

(Photo prise à Paris le 10 novembre. Cliquer pour agrandir.)

(Haendel, Sarabande.)

Cela durait à n’en plus finir. Le matin, il était impossible d’accéder à la plateforme des blogs, même si Houellebecq était fêté partout comme le Messie. Le soir, c’était pareil : impossible de se connecter. Le journal dit « interactif » était aux abonnés absents ; un simple message indiquait, sans doute de manière ironique, que cette satanée plateforme était « momentanément indisponible » : il avait fallu lire l’annonce pendant trois jours.

Les lecteurs qui avaient pris un abonnement afin d’avoir le droit d’ouvrir un blog sur ce support prestigieux (n° 1 de la presse en ligne, comme proclamé dans une récente campagne de publicité) pestaient contre ce mur virtuel qu’ils ne pouvaient plus taguer.

Au bout du troisième soir, le 12 novembre à 19 heures 05, un long message était enfin  adressé à l’ensemble des blogueurs concernés, et il comportait – en respectant les règles du discours balancé – une bonne… et une mauvaise nouvelle :

« Chère abonné, cher abonné,

La plate-forme de blogs du Monde.fr, fermée à la suite d’un incident technique grave depuis mercredi midi, est à nouveau disponible.

Après vérification (bravo !), il apparaît que certains éléments composant votre blog (photos ou sons) ont été effacés lors de cet incident et n’apparaissent donc plus (bof, un détail , il reste les textes…).

Afin de régler au plus vite la situation (c’est crédible !), nous avons mis en place le dispositif suivant :

. Un onglet spécialement dédié a été ajouté à votre interface de blog (génial !) : vous pourrez y consulter la liste précise des éléments de votre blog qui ont été effacés de notre plate-forme et republier directement les documents manquants (celui qui gérait un blog depuis un, deux, trois, quatre, voire cinq ans ou plus, se met immédiatement à la tâche, il n’y a pas de temps à perdre !).

. Toutefois, nous avons entrepris un travail élargi (sic) de récupération de ces documents (ouf !) : nous vous recommandons de ne pas supprimer pour l’instant (un coup de gomme ça va, trois coups de gomme, bonjour les dégâts !) les références aux éléments manquants, identifiés par une image cassée (bien trouvé !).

. Vous pourrez aussi, si vous le souhaitez (ils sont grands seigneurs !), adresser à nos équipes techniques (combien de divisions ?) une copie de ces éléments (sur un, deux, trois, quatre, voire cinq ans ou plus…) afin de les (sic) remettre en ligne et de restaurer votre blog.

. Nous mettons également à votre disposition le contact mail suivant afin de répondre à toutes vos questions (une sorte de numéro vert, style « alerte enlèvement » !) : support-blogs@lemondeinteractif.fr.

Nous vous présentons toutes nos excuses (ils sont polis, quand même !) pour cet incident (oui, une broutille) et vous garantissons l’implication de l’ensemble de nos équipes (c’est bien de le dire) afin de vous apporter le meilleur service pour la restauration (avec TVA baissée ?) de vos blogs.

Nous vous assurons de nos meilleurs efforts (« peut mieux faire » !) pour qu’un tel incident (oui, un minuscule grain de sable) ne se reproduise plus (on est donc rassurés) et nous vous remercions de votre compréhension (pas de problème).

A très bientôt (évident !).

Philippe Jannet

PDG du Monde interactif. »

(Photo : Paris, rue de la Verrerie, 4e, le 10 novembre. Cliquer pour agrandir.)

Chacun s’était alors précipité sur son propre blog et la catastrophe, à des degrés divers (le serveur n’avait pas dû toucher uniformément les « photos ou sons ») apparaissait dans toute son ampleur : images envolées (il ne restait que la trace du lien en .jpg), sons inaudibles…

Les blogs étaient devenus, pour certains, des déserts (rouges) iconographiques. Ceux qui avaient tout misé sur la photo ou la vidéo ne retrouvaient plus rien ou presque. Les autres voyaient leurs articles soudain orphelins des illustrations qui les avaient rendus attractifs lors de leur création.

Le petit nombre de blogueurs qui avaient pris, mus par un obscur pressentiment, la poudre d’escampette loin du journal « interactif » depuis quelques semaines, à cause des bugs à répétition ou de la censure de certains commentaires  et de leurs réponses exercée inconsidérément, n’étaient pas non plus épargnés.

Un Comité de défense des blogueurs du Monde interactif (CDBMI) avait été aussitôt créé. La révolte grondait. Les nuages s’assombrissaient. L’orage menaçait.

Plutôt que d’envoyer des mails individuels de protestation auxquels il ne serait « momentanément » apporté aucune réponse, de nombreuses revendications furent énoncées dans un document collectif.

On y réclamait notamment :

—       le remboursement de l’abonnement annuel, en proportion du nombre de mois ou d’années d’existence du blog détruit ou endommagé ;

—       l’accès futur, gratuit et sans durée limitée dans le temps, à la « plate-forme » des blogs du monde.fr, pour ceux qui n’auraient pas soupé de sa « restauration » ;

—       un billet d’avion offert à chaque victime par le PDG du Monde interactif lui-même, à destination  de l’île d’Arros (Seychelles) afin d’aller admirer sur place la splendide villa de Liliane Bettencourt, héroïne récurrente du journal hébergeur de MM. Bergé, Niel et Pigasse.

D’autres propositions devaient être soumises au vote lors de la toute proche assemblée générale.

La perspective d’un exil en masse hors du monde.fr rassemblait les innombrables déçus. Et l’idée de la réapparition irrésistible du samizdat sur papier faisait son chemin dans certaines têtes échauffées.

Un millier de blogueurs – ils s’étaient baptisés « Les actifs » – se tenaient ainsi prêts à passer à l’offensive et à se diriger vers le siège de la vénérable institution qui avait su, avec un brio indéniable, prendre le virage de la presse en ligne et de la maintenance impeccable des blogs de ses abonnés.

Le ministère de l’Intérieur, sur instructions d’Eric Fottorino, avait été prévenu : certains blogueurs étaient d’ailleurs déjà placés sur écoutes, leurs « fadettes » soigneusement épluchées, et une trentaine de fourgons de CRS stationnaient désormais en permanence  à côté du 80, boulevard Blanqui, Paris, 13e.

Les blogueurs du monde.fr étaient attendus de pied ferme : c’est sûr, il n’y avait pas photo.

(Photo : Paris, rue des Archives, 4e, le 10 novembre. Cliquer pour agrandir.)

Il faisait un temps gris, un temps de noir et blanc, dimanche 17 octobre, et les couleurs des photos de Raymond Depardon exposées à la BnF (du 30 septembre 2010 au 9 janvier 2011) n’en seraient forcément que plus contrastées –  renvoi paradoxal au passé de lieux devant lesquels on s’est parfois arrêté (Berck-Plage, Saint-Claude, Maîche…).

La file d’attente, annoncée pour 50 minutes, ne tient pas ses promesses : un quart d’heure plus tard, on pénètre dans la grande salle où flashent les trente-six immenses tirages choisis par Raymond Depardon parmi la moisson qu’il a faite pendant cinq ans tandis qu’il sillonnait « la France des sous-préfectures » en camping-car.

Le grand Depardon n’est-il pas notre Fernand Braudel de l’image, cherchant et trouvant  les traces de la rémanence (rétinienne) historique à travers une cohorte d’indices relevés sur film sensible ?

Ici, il a fallu ruser pour prendre une image à la dérobée, et ratée, où les visiteurs en deviennent des silhouettes tremblées alors que les paysages fixés aux murs (cafés, garages, mairies, écoles, cinémas, épiceries, bords de plages, places de villages…) semblent regarder ceux-là mêmes qui les découvrent ou les reconnaissent.

Il y a une sorte de modestie dans ces prises de vue : « J’ai eu envie de revenir au silence de la photographie », dit Raymond Depardon. Peu de gens, mais des maisons, des bâtiments officiels, des endroits où l’on travaille ou se distrait, la 2 cv existe encore dans ces « zones intermédiaires de la périphérie du centre-ville ».

Chaque photo demanderait un décryptage : François Bon s’y est exercé – il faut rappeler que son père était garagiste – et son article de mémoire a été publié dans le supplément de Télérama (7,50 euros) vendu à la librairie de la BnF et ailleurs.

Après ces photos rétro-éclairées dans un couloir et l’hommage rendu par Raymond Depardon aux photographes dont il se sent comme un descendant (Walker Evans, Paul Strand), une autre salle montre en quelque sorte les coulisses de l’exploit : tous les cahiers tenus comme un road-book, et puis les photos de repérage avant la prise (il faut qu’elle soit bonne comme à la pêche) finale.

« L’unité, celle de notre histoire commune » déclare encore Raymond Depardon : oui, L’identité de la France selon Fernand Braudel – et non « l’identité française » à la Eric Besson – un patrimoine, un bien collectif où les conquêtes sociales, les services publics, une idée de la solidarité… persistent encore malgré les coups de hache du pouvoir actuel.

Grâce à cet appareil peu discret et à l’air désuet (format 20 x 25), Raymond Depardon nous chambre : il a joué, un voile rouge (pas encore interdit) sur la tête, à choisir, cadrer et regarder à l’envers, sur verre dépoli et quadrillé, des images d’endroits que nous possédons tous comme souvenirs mais n’avons peut-être pas su retenir, coller, figer, épingler dans leur beauté simple, et qui paraissent revendiquer ici leur désir de vivre encore.

Dehors (l’exposition ferme à 18 heures), « les couleurs criardes de ces cafés » ne seront pas vraiment les mêmes. Les néons blafards du dimanche soir commenceront à s’allumer, chacun rentre chez soi dans son automobile.

Le long de la rampe du parking qui remonte à la surface, on peut lire cette inscription tous les trente mètres, peinte au pochoir en rouge : « Au revoir Bons baisers A bientôt ».

(Photos : cliquer pour agrandir.)