Il n’avait vraiment pas l’air à l’aise dans ses baskets, Nicolas Sarkozy, hier soir, lors de son apparition télé préenregistrée, sur les petits ou plats écrans : marionnette au teint cireux, louchant vers le prompteur pour débiter un texte tiédasse, liant le remaniement ministériel – Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux, expulsés vite fait, sans même que leurs noms soudain honnis soient prononcés – au chaudron international, tout ça sur le fond de bibliothèque qui lui sert de décor pour sa photo officielle.
Début : « A peine la plus grave crise économique et financière depuis la deuxième guerre mondiale semble-t-elle s’estomper (no problem) (…) »
Milieu : « Mais voici qu’à l’initiative des peuples s’esquisse une autre voie. En opposant la démocratie et la liberté à toutes les formes de dictature, ces révolutions arabes (qui commencent à s’accumuler) ouvrent une ère nouvelle dans nos relations avec ces pays dont nous sommes si proches par l’histoire et par la géographie. Ce changement est historique. Nous ne devons pas en avoir peur (comme dirait le Pape). Il porte en lui une formidable espérance car il s’est accompli au nom des valeurs qui nous sont les plus chères, celles des droits de l’homme (ma préoccupation constante, demandez à Rama Yade) et de la démocratie.(…) »
« Mon devoir de Président de la République est d’expliquer les enjeux de l’avenir mais tout autant de protéger le présent (je suis leur petit père) des Français. C’est pourquoi, avec le Premier ministre François Fillon, nous avons décidé de réorganiser les ministères qui concernent notre diplomatie et notre sécurité. Alain Juppé, ancien Premier ministre, homme d’expérience qui a déjà exercé ces fonctions avec une réussite unanimement reconnue sera Ministre des Affaires étrangères. Pour le remplacer au ministère de la Défense, j’ai choisi Gérard Longuet, lui aussi homme d’expérience (spécialiste de l’Occident). J’ai souhaité dans le même temps confier la responsabilité de ministre de l’Intérieur et de l’Immigration à Claude Guéant qui m’a accompagné depuis neuf ans dans toutes les responsabilités que j’ai exercées, en particulier au ministère de l’Intérieur dont il connaît tous les rouages et dont il a occupé tous les postes de responsabilité.
(lemonde.fr d’hier. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)
Ainsi les fonctions régaliennes de l’État se trouveront-elles préparées (car ce sont celles-ci qui agissent !) à affronter les événements à venir dont nul ne peut prévoir le déroulement (je ne suis pas madame Soleil).(…) »
Fin : « Pour obtenir les résultats que vous attendez et que nous obtiendrons, je me dois de ne faire prévaloir aucune autre considération que le souci de l’efficacité et de l’intérêt général (cela n’a jamais été le cas) dans le choix (parfois malheureux ?) de ceux auxquels sont confiées les plus hautes responsabilités de l’État.(…) »
« Dans ces circonstances si troublées la nécessité du rassemblement de tous les Français (un gouvernement d’union nationale, ce serait la meilleure solution pour 2012) autour de nos valeurs républicaines est plus nécessaire que jamais.(…) »
Ainsi, le petit épicier (pas arabe) de l’Elysée a vite fermé boutique à 20 heures 07, une fois la lecture du pensum terminée : peut-être avait-il sur sa table de chevet, comme Kadhafi, un livre de Montesquieu qui l’attendait ?
Il est vrai qu’aujourd’hui son emploi du temps est extrêmement chargé.
(Site de la présidence de la République.)