Archives de février, 2011

Sarkozy : révision à deux temps

Publié: 28 février 2011 dans météo
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Il n’avait vraiment pas l’air à l’aise dans ses baskets, Nicolas Sarkozy, hier soir, lors de son apparition télé préenregistrée, sur les petits ou plats écrans : marionnette au teint cireux, louchant vers le prompteur pour débiter un texte tiédasse, liant le remaniement ministériel – Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux, expulsés vite fait, sans même que leurs noms soudain honnis soient prononcés – au chaudron international, tout ça sur le fond de bibliothèque qui lui sert de décor pour sa photo officielle.

Début : « A peine la plus grave crise économique et financière depuis la deuxième guerre mondiale semble-t-elle s’estomper (no problem) (…) »

Milieu : « Mais voici qu’à l’initiative des peuples s’esquisse une autre voie. En opposant la démocratie et la liberté à toutes les formes de dictature, ces révolutions arabes (qui commencent à s’accumuler) ouvrent une ère nouvelle dans nos relations avec ces pays dont nous sommes si proches par l’histoire et par la géographie. Ce changement est historique. Nous ne devons pas en avoir peur (comme dirait le Pape). Il porte en lui une formidable espérance car il s’est accompli au nom des valeurs qui nous sont les plus chères, celles des droits de l’homme (ma préoccupation constante, demandez à Rama Yade) et de la démocratie.(…) »

« Mon devoir de Président de la République est d’expliquer les enjeux de l’avenir mais tout autant de protéger le présent (je suis leur petit père) des Français. C’est pourquoi, avec le Premier ministre François Fillon, nous avons décidé de réorganiser les ministères qui concernent notre diplomatie et notre sécurité. Alain Juppé, ancien Premier ministre, homme d’expérience qui a déjà exercé ces fonctions avec une réussite unanimement reconnue sera Ministre des Affaires étrangères. Pour le remplacer au ministère de la Défense, j’ai choisi Gérard Longuet, lui aussi homme d’expérience (spécialiste de l’Occident). J’ai souhaité dans le même temps confier la responsabilité de ministre de l’Intérieur et de l’Immigration à Claude Guéant qui m’a accompagné depuis neuf ans dans toutes les responsabilités que j’ai exercées, en particulier au ministère de l’Intérieur dont il connaît tous les rouages et dont il a occupé tous les postes de responsabilité.

(lemonde.fr d’hier. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

Ainsi les fonctions régaliennes de l’État se trouveront-elles préparées (car ce sont celles-ci qui agissent !) à affronter les événements à venir dont nul ne peut prévoir le déroulement (je ne suis pas madame Soleil).(…) »

Fin : « Pour obtenir les résultats que vous attendez et que nous obtiendrons, je me dois de ne faire prévaloir aucune autre considération que le souci de l’efficacité et de l’intérêt général (cela n’a jamais été le cas) dans le choix (parfois malheureux ?) de ceux auxquels sont confiées les plus hautes responsabilités de l’État.(…) »

« Dans ces circonstances si troublées la nécessité du rassemblement de tous les Français (un gouvernement d’union nationale, ce serait la meilleure solution pour 2012) autour de nos valeurs républicaines est plus nécessaire que jamais.(…) »

Ainsi, le petit épicier (pas arabe) de l’Elysée a vite fermé boutique à 20 heures 07, une fois la lecture du pensum terminée : peut-être avait-il sur sa table de chevet, comme Kadhafi, un livre de Montesquieu qui l’attendait ?

Il est vrai qu’aujourd’hui son emploi du temps est extrêmement chargé.

(Site de la présidence de la République.)

Sombre dimanche pour MAM

Publié: 27 février 2011 dans Voyages
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Ainsi, le président de la République parlera ce soir à la télévision et à la radio (cette démarche toute gaulliste sera appréciée par Michèle Alliot-Marie), et annoncera, outre sa vision géopolitique tardivement décillée, les « ajustements », selon Le Figaro, qu’il a décidés de pratiquer au sein du gouvernement.

Avec un métro de retard, MAM verra sa « démission » – une « éviction » serait vraiment moins chic – tamponnée officiellement en direct devant des millions de Français suspendus à ses lèvres.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Par son opiniâtreté, Le Canard enchaîné (transformé de volatile que l’on vise en chasseur affûté) aura abattu en plein vol la ministre des Affaires étrangères et européennes, ajoutant ainsi à son impressionnant « tableau de chasse » ministériel (pour reprendre l’expression d’un ami, Pierre-Jean Crespo) un gibier de choix, dont on ignore s’il viendra s’orner en plus de la tête de son « compagnon » Patrick Ollier (POM), l’homme qui parlait à l’oreille de Kadhafi.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Si « ce n’est pas la rue qui décide » (dixit Jean-Pierre Raffarin, entre autres) , comme on le voit en Tunisie, en Egypte, en Libye, en Algérie, au Yémen, à Bahreïn, en Arabie saoudite, dans le sultanat d’Oman, etc., la presse non inféodée au pouvoir – on rajoutera au palmipède irrévérencieux Le Nouvel Observateur, Libération, Mediapart, Le Monde, Marianne, Rue89… – aura ainsi contribué à révéler et à dénoncer les comportements coupables du couple MAM-POM et la confusion faite entre affaires politiques et affaires privées. Jusqu’à en devoir éjecter les responsables aux commandes.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Désormais, MAM, qui, jusqu’au dernier moment, aura fort mal interprété son rôle d’innocente à coups de mensonges répétés et de dénégations multipliées, s’est rendue à l’évidence : la mauvaise foi compulsive, l’hypocrisie remâchée, l’avidité personnelle, l’ambition malsaine, la flagornerie collante, l’aveuglement permanent ne sauraient guider impunément un parcours « professionnel » sans que la sanction ne tombe un jour.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Nicolas Sarkozy s’est débarrassé d’un boulet : mais combien d’autres lui entravent les jambes ? Ce dixième remaniement depuis le début d’un quinquennat (et le quatrième en un an : bonjour la pertinence des choix effectués !), ahané à hue et à dia, est la preuve cinglante de la déliquescence de son autorité et du pouvoir qu’il est censé exercer.

Les sondages (qui ne signifient rien, quand ils sont négatifs, pour ceux qui en sont l’objet) ont montré une baisse continue de la  cote de popularité du chef de l’Etat. Ce dernier épisode gouvernemental la fera-t-elle remonter ? Il est permis (une loi ne l’a pas encore interdit) d’en douter : la pente sera longue à descendre jusqu’aux élections présidentielles de 2012.

Sombre dimanche pour MAM.

(Photo : station Montparnasse hier soir. Cliquer pour agrandir.)

Ce serait donc pour dimanche ou lundi et Michèle Alliot-Marie (MAM), qui a su montrer avec maëstria (depuis le 14 novembre 2010) ses compétences hors-pair dans le domaine de la politique étrangère, mettra finalement en pratique le slogan international en forme d’injonction qu’elle a pu connaître récemment par ouï-dire : « Dégage ! »

Après sa tribune poisseuse dans Le Monde du 25 février, sorte de testament-bilan, et supplique implicite à Nicolas Sarkozy pour être conservée au sein du gouvernement, la ministre des Affaires étrangères et européennes, partie pour deux jours au Koweït en  visite « diplomatique », semble avoir jeté ses dernières billes sur le plateau de la balance où se prennent les décisions présidentielles.

Elle aura eu beau encore affirmer, vendredi sur France Info : « Ma devise c’est bien faire et laisser dire », elle n’a pas rempli le contrat contenu dans la première partie de cette phrase, et quant à la seconde, pouvait-elle s’opposer aux commentaires de la presse et du monde politique ?

(Blog lemonde.fr, photo anonyme. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

Dès jeudi, dans la « matinale » de France Inter, Alain Juppé avait pris ses marques et s’était positionné comme futur ministre des Affaires étrangères en jugeant et tranchant de ce que devait être l’action de la France, notamment dans les pays arabes emportés dans la spirale de la révolution.

Brice Hortefeux, cité hier soir par Xavier Beauvois lors de la remise des Césars retransmise par Canal +, devrait lui succéder au ministère de la Défense, et Claude Guéant prendre en main le ministère de l’Intérieur : le remaniement serait donc assez conséquent, MAM n’en étant finalement que la goutte qui a fait déborder la cuvette de l’avion.

Le « compagnon » de la gaulliste pure et dure fera partie de la charrette, lui qui fut quelque peu « Ollier, Ollier » dans ses rapports et son tropisme avec la Libye : il pourra désormais monter une petite amicale des « nostalgiques » du dictateur Kadhafi tandis que  MAM, une fois mise sur la touche, se reconvertirait, dit-on, dans le « consulting » auprès de la chaîne de télé locale de Saint-Jean-de-Luz, rubrique pelote (basque).

Libye : bye-bye, Kadhafi ?

Publié: 25 février 2011 dans Actualité
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« Livre deuxième

Le gouvernement

9.

La toute-puissance

Cet homme, oublions son 2 décembre, oublions son origine, voyons, qu’est-il comme capacité politique ? Voulez-vous le juger depuis huit mois qu’il règne ? regardez d’une part son pouvoir, d’autre part ses actes. Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien. Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être. Il n’eût, certes, pas effacé le crime du point de départ, mais il l’eût couvert. A force d’améliorations matérielles, il eût réussi peut-être à masquer à la nation son abaissement moral. Même, il faut le dire, pour un dictateur de génie, la chose n’était pas malaisée. Un certain nombre de problèmes sociaux, élaborés dans ces dernières années par plusieurs esprits robustes, semblaient mûrs et pouvaient recevoir, au grand profit et au grand contentement du peuple, des solutions actuelles et relatives. Louis Bonaparte n’a même pas paru s’en douter. Il n’en a abordé, il n’en a entrevu aucun. Il n’a même pas retrouvé à l’Elysée quelques vieux restes des méditations socialistes de Ham. Il a ajouté plusieurs crimes nouveaux à son premier crime, et en cela il a été logique.  Ces crimes exceptés, il n’a rien produit. Omnipotence complète, initiative nulle. Il a pris la France et n’en sait rien faire. En vérité, on est tenté de plaindre cet eunuque se débattant avec la toute-puissance.

Certes, ce dictateur s’agite, rendons-lui cette justice ; il ne reste pas un moment tranquille ; il sent autour de lui  avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, lui il se remue. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide. Conversion des rentes ? où est le profit jusqu’à ce jour ? économie de dix-huit millions. Soit ; les rentiers les perdent, mais le président et le sénat, avec leurs deux dotations, les empochent, bénéfice pour la France : zéro. Crédit foncier ? les capitaux n’arrivent pas. Chemins de fer ? on les décrète, puis on les retire. Il en est de toutes ces choses comme des cités ouvrières. Louis Bonaparte souscrit, mais ne paye pas. Quant au budget, quant à ce budget contrôlé par les aveugles qui sont au conseil d’état et voté par les muets qui sont au corps législatif, l’abîme se fait dessous. Il n’y avait de possible et d’efficace qu’une grosse économie sur l’armée, deux cent mille soldats laissés dans leurs foyers, deux cent millions épargnés. Allez donc essayer de toucher à l’armée ! le soldat, qui redeviendrait libre, applaudirait ; mais que dirait l’officier ? et au fond, ce n’est pas le soldat, c’est l’officier qu’on caresse. Et puis, il faut garder Paris et Lyon, et toutes les villes, et, plus tard, quand on sera empereur, il faudra bien faire un peu la guerre à l’Europe ! Voyez le gouffre Si, des questions financières, on passe aux aux institutions politiques, oh ! là, les néo-bonapartistes s’épanouissent, là sont les créations ! Quelles créations, bon Dieu ! Une Constitution style Ravrio, nous venons de la contempler, ornée de palmettes et de cous de cygne, apportée à l’Elysée avec de vieux fauteuils dans les voitures du garde-meuble ; le sénat conservateur recousu et redoré, le conseil d’état de 1806 retapé et rebordé de quelques galons neufs ; le vieux corps législatif rajusté, recloué et repeint, avec Lainé de moins et Morny de plus ! pour liberté de la presse, le bureau de l’esprit public ; pour liberté individuelle, le ministère de la police. Toutes ces « institutions » – nous les avons passées en revue – ne sont autre chose que l’ancien meuble de salon de l’Empire. Battez, époussetez, ôtez les toiles d’araignée, éclaboussez le tout de taches de sang français, et vous avez l’établissement de 1852. Ce bric-à-brac gouverne la France. Voilà les créations ! Où est le bon sens ? où est la raison ? où est la vérité ? pas un côté sain de l’esprit contemporain qui ne soit heurté, pas une conquête juste de ce siècel qui ne soit jetée à terre et brisée. Toutes les extravagances devenues possibles. Ce que nous voyons depuis le 2 décembre, c’est le galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé. »

Victor Hugo, Napoléon le petit, 1852, J.-J. Pauvert éditeur, 1964 (collection Libertés n° 4, pages 83-85).

Ce texte historique n’a rien à voir avec la situation que nous connaissons à l’heure actuelle. Nicolas Sarkozy, après avoir reçu à Paris durant cinq jours, en décembre 2007, le dictateur Mouammar Kadhafi, s’allie maintenant en catastrophe avec Barack Obama pour demander « un arrêt immédiat de la force » en Libye. On découvre même qu’il pourrait s’agir là-bas de « crimes contre l’humanité » : une enquête va être lancée. Gloire au petit épicier (pas arabe) de l’Elysée !

(lemonde.fr du 24 février. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

Poussière dans l’œil

Publié: 24 février 2011 dans Photographie
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Janis Joplin, bien sûr, et Patti Smith, récemment présente à la Cité de la Musique, mais ces Riot Grrrl, affichées quai de Jemmapes (10e), style punk avec du Nina Hagen dans l’air et, paraît-il, des Joan Jett et Lydia Lunch ou leurs clones ?

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Mais finalement, on pouvait rencontrer aussi Magritte sur ce trottoir, ou un hommage déguisé avec rideau de fer et non de velours. Qui vient dans ce qui ressemblerait peut-être à une galerie comme celle des mineurs vue un peu plus tard, quai de Loire (19e), dans True Grit, le dernier film des frères Coen : sorte de western détour(n)é, encombré d’une musique sirupeuse ?

(Photo : cliquer pour agrandir.)

La poussière dans l’oeil ressemblerait alors à une sorte d’antiflirt ? Les chaises sont souvent plus présentes dans la peinture que les canapés qui tournent le dos à la rue.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Les camionnettes sont curieusement devenues des tableaux ambulants, boulevard de la Villette ou avenue Secrétan (19e) : pas besoin de prendre un ticket à l’avance pour l’expo.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Pourtant, ne pas confondre Joseph-Antoine Secrétan, colonel du 1er régiment de voltigeurs de la Garde impériale qui a donné son nom à cette avenue, avec celui qui commandait le 1er régiment de chasseurs à pied de cette même Garde impériale, le général Pierre Cambronne.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Kadhafi, le discours de la haine

Publié: 23 février 2011 dans Politique
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On connaissait la célèbre séquence du Dictateur de Chaplin, dans laquelle Charlot imitait Hitler, éructant un flot de paroles, à la fois dans ses mimiques, sa langue gutturale et incompréhensible, ses emportements et sa folie se nourrissant elle-même.

La réalité est venue rejoindre la fiction, une fois de plus. Le discours de la haine tenu hier par Kadhafi (difficile d’en trouver la version intégrale sur Internet) atteint des sommets dans la menace, la barbarie, l’inconscience – sans doute est-ce la même chose – et la démence.

(Capture d’écran de Dailymotion.)

Est-ce un homme d’Etat qui parle ou un assassin délirant, libre dans la nature après s’être défait de sa camisole de force ?

Merci au Post.fr, menacé par les restructurations en cours au journal Le Monde, d’avoir mis cette vidéo (cliquer sur les deux mots soulignés en rouge), désormais historique, en ligne.

(Capture d’écran du Post.fr, vidéo en lien ci-dessus. Cliquer pour agrandir.)

The Washington Post, tandis que la communauté internationale semble enfin décidée à se bouger, a proposé une solution : renverser le dictateur libyen par la force. Oui, faut-il attendre encore longtemps pour réagir ?

La Libye irréfutable de Sarkozy

Publié: 22 février 2011 dans Politique
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La diplomatie foutaise a encore frappé. Il suffit d’écouter Michèle Alliot-Marie (elle n’a pas trouvé de place dans l’avion pour aller en Tunisie avec Christine Lagarde ?) pérorant depuis le Brésil : « La situation en Libye est extrêmement préoccupante. Il y a beaucoup de violence visiblement (sic). La violence doit absolument cesser. Il faut qu’elle cesse dans les plus brefs délais. »

Cette parole complètement dévaluée, comment peut-elle encore se faire entendre au milieu de l’explosion du régime libyen qui jette ses derniers feux assassins ?

Nicolas Sarkozy, qui avait reçu somptueusement Mouammar Kadhafi, – au grand dam de Rama Yade – en décembre 2007 lorsqu’il était venu camper (voir Le Chasse-clou ici) dans le jardin de l’hôtel de Marigny, a fait publier hier un communiqué martial où il est dit notamment : « Le Président de la République condamne l’usage inacceptable (sic) de la force contre les Libyens qui n’exercent que leur droit fondamental à manifester et à s’exprimer librement. »

(Lemonde.fr hier. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

Ceci méritait d’être affirmé, trompetté, martelé. Quelle audace ! Quel courage ! Quelle approche inouïe dans le style auparavant méprisé des « droits-de-l’hommistes » ! La veste présidentielle se retourne en un clin d’oeil (comme elle sera endossée sur le plan électoral) : il est parfois prudent de sentir d’où souffle le vent de l’Histoire.

Hélas, pendant les communiqués de ce type, les massacres continuent.

Le musée René Magritte avait ouvert ses portes  à Bruxelles (Belgique) le 2 juin 2009. Samedi dernier, j’ai pu visiter les lieux, mais je n’ai pas vraiment retrouvé la magie noire rencontrée ailleurs sous le pinceau du grand peintre.

Est-ce la succession des différentes salles qu’il faut quitter par un escalier, et leur espace plutôt réduit, qui gêne ? Est-ce l’éclairage, bien chiche, qui apporte trop d’obscurité au lieu des illuminations attendues ? Seraient-ce les explications historiques et biographiques, imprimées en petite taille au début de chaque parcours, qui n’accrochent pas suffisamment le passant ?

Pourtant, Magritte fut inscrit au Parti communiste et les bouleversements actuels dans le monde montrent que la révolution (mariage de la liberté et de l’amour) sait advenir quand le peuple a décidé de prendre l’horloge de l’Histoire en main.

Comme une légère déception – certains tableaux célèbres ont même joué, dirait-on, les filles de l’air – plane ainsi dans le ciel qui semble réfléchir à deux fois, sur les toiles présentées, à sa destinée minérale. Le labyrinthe chercherait-il à étouffer à la longue ?

Il est d’ailleurs interdit de prendre la moindre image sur place et des cerbères au regard aiguisé guettent et pourchassent les contrevenants : ceci n’est pas une vidéo sur l’œuvre de Magritte, simplement quelques plans tirés (peut-être) à double vue.

Demain, Bruxelles et Magritte

Publié: 20 février 2011 dans Tourisme
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Demain matin, une petite vidéo avec vues sur Bruxelles et son musée Magritte.

Bon dimanche !

(Photos prises le 19 février. Cliquer pour agrandir.)

Mutant, décidément

Publié: 19 février 2011 dans mini-polar
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Au sortir du bois ou de la rue, la lumière pâle l’avait ébloui. Lame d’un couteau, reflet de l’eau qui sépare et noie l’interrogation. L’atmosphère est sans apprêt. Les passants indiffèrent, on ne les reverra jamais. Circulation ininterrompue, des fourmis en demande d’une reine. Vacarme intérieur, pulsations à petit bruit, battre la démesure.

Il a été relâché : pourquoi bâtir au lieu de faire mourir ? Sa progression sera lente, les psychotropes demeurent aussi de tristes tropiques : exotisme de la pharmacopée. Marcher sans bracelet électronique (celui mécanique est marqué Lip), pas encore ce boulet importé de Cayenne à la manière touristique. Le poivre en liberté !

Sans doute une erreur judiciaire : ces magistrats laxistes, par définition, creusent le lit du populisme, et l’on change peu souvent ses draps. Odeur de pain frais, si rare maintenant avec des baguettes simplement réchauffées dans leurs tiroirs métalliques. La douleur s’appelle « pain » en anglais.

Un jour nouveau, se fondre dans l’anonymat des autres. Il a vécu quatorze ans de prison (le monde réduit à la taille d’une maquette), il s’en est tiré. La faute, il l’a payée : dorénavant, plus rien à voir, à cirer, à branler. L’avenir masque le présent, l’horizon se désagrège avec des tons de bleu violet, violent, violeur.

Est-elle possible, cette transformation ? Laisser derrière soi ses habits de taulard, son numéro matricule, sa porte de cellule, les matons enfermés comme lui mais pour encore plus longtemps, le bâtiment aimable comme sa porte à deux battants, et les miradors qui font penser à ceux des camps de concentration : se dépouiller de l’homme ancien, perdu, disparu, envolé, échappé ou réchappé comme un pneu, il reste juste un peu d’air vicié.

Du jour au lendemain, changer, décider – transformisme de la volonté, du pur Leibnitz ! – et se jeter la tête la première dans l’inconnu, l’inarrivé, l’identité appropriée, se payer un nouveau portrait, chirurgie éthique (nécessite un grand patron), oublier, réinventer, effacer, recréer.

Laisser à la chance le droit de récidiver.

(Photo : Paris, rue de Lancry, 10e, le 17 février. Cliquer pour élargir.)