Quelques dernières photos, piquées ici ou là dans mes fichiers inexploités, vues de ville, ville perdue parfois de vue, actualité poisseuse et répétition politique.

Et l’inanité d’un blog n’ayant jamais décollé.

Alors, L’Irréductible (histoire de faire mentir son titre) cesse de paraître, ce sera le 261e article depuis son lancement le 12 octobre 2010. Un jour, le ressassement ne peut plus être éternel.

Merci pour votre patience, votre fidélité, et – peut-être – à une autre fois, différemment, ailleurs ?

(Photo : Paris, le 18 avril. Cliquer pour agrandir.)

(Photo : Paris, le 10 mai. Cliquer pour agrandir.)

(Photo : Paris, le 19 mai. Cliquer pour agrandir.)

(Photo : Paris, le 28 mai. Cliquer pour agrandir.)

(Photo : Paris, le 10 juin. Cliquer pour agrandir.)

(Photo : Paris, le 10 juin aussi. Cliquer pour agrandir.)

(Steve Reich, Music for 18 Musicians.)

Mon nouveau blog, Le Tourne-à-gauche, peut être découvert à l’adresse ici.

Il n’y a vraiment presque plus que des Hollandais pour aller encore s’envoler sur de telles voitures (j’espère qu’ils atteignent la vitesse minimale obligatoire).

(Photo : cliquer pour agrandir le véhicule.)

Cela me rappelait, hier, sur ce parking de l’autoroute A1 (Paris-Lille), des souvenirs : le levier de vitesse à boule en forme de tringle que l’on pousse et tourne, le compteur minuscule, les essuie-glace avec molette manuelle au cas où, le petit rétro à gauche (forcément une 2 cv ne pouvait être doublée que de ce côté-là), le pare-brise comme un rectangle aux dimensions si étroites par rapport à l’horizon – ne pas se projeter trop loin ou trop vite – les portières qui s’ouvraient à l’avant (mais pas sur ce modèle « moderne »), l’antenne latérale de l’autoradio, le bruit du moteur, moulin à café sans capsules à la George Clooney, et même une capote à demi-ouverte arrachée soudain à cause du mistral sur l’A7.

La nostalgie, camarade ? Non, un simple éclair esthétique.

(Count Basie, Whirly Bird)

Pas facile de forcer une serrure non consentante : DSK en a fait la démonstration publique en rentrant mardi soir à son domicile de TriBeCa (New York), désormais débarrassé des caméras de surveillance.

L’interprétation psychanalytique de cet acte manqué nocturne serait trop simple.

(Photo : Paris, rue de Lancry, 10e, le 1er juin. Cliquer pour agrandir.)

Du côté français, l’avocat de Tristane Banon a déclaré jeudi posséder certains éléments matériels – peut-être des SMS ? –  qui pourraient corroborer l’implication de l’ex-directeur du FMI dans la « tentative de viol » (février 2003) pour laquelle une plainte a été déposée, le 6 juillet, auprès du parquet de Paris.

Ainsi, il n’y a toujours pas de vacances judiciaires ou estivales pour DSK ni pour Anne Sinclair dont Le Nouvel Observateur a dressé il y a quelques jours un portrait hagiographique en tous points remarquable : cet article fournirait un excellent sujet pour le concours d’entrée du CFJ de la rue du Louvre.

(Photo prise à Paris le 12 mai. Cliquer pour agrandir.)

(Big Bill Bronzy, Key to the Highway)

Ce matin, pure musique : The Modern Jazz Quartet, avec John Lewis (piano), Milt Jackson (vibraphone), Percy Heath (bass), Kenny Clarke (drums).

Souvenirs de notes comme des gouttes de pluie attendries, caressantes, vénitiennes ici, car Sait-on jamais… et le film de Roger Vadim – avec Françoise Arnoul, « La Chatte » –  qui bravera le temps et la critique collet monté.

Nappes du vibraphone, pointillisme du piano, flux de la batterie, reflux de la basse.

Lagune…

Sur la scène, l’enchantement et le silence, paradoxalement.

45 tours et puis s’en vont.

(Le morceau choisi ci-dessous est extrait d’un autre album du MJQ.)

(The Modern Jazz Quartet, Django)

(Scan de la pochette. Cliquer pour passer au L.P.)

Monsieur le ministre actuel de l’Education nationale,

Le 4 juillet, on vous a remis le rapport d’orientation du Comité de pilotage de la conférence nationale sur les rythmes scolaires.

Celui-ci propose dix mesures dont l’une – suppression de deux semaines des vacances d’été – ne pouvait que motiver les lycéens et leurs profs venus le 5 juillet attendre les résultats du bac, avant de partir (pour certains), heureux ou désabusés, vers d’autres horizons.

Il est quand même amusant de constater que vous avez lancé une campagne publicitaire (du 31 mai au 12 juillet) de recrutement de 17 000 profs, juste après avoir annoncé la suppression de 16 000 postes d’enseignants à la rentrée 2011.

(Photos : le 28 juin à Paris, place Jussieu, 5e. Cliquer pour agrandir)

Vous êtes-vous jamais demandé d’où venait la désaffection des « vocations » pour l’enseignement ? Pourquoi trouve-t-on de moins en moins d’étudiants qui s’orientent vers les concours de recrutement (ou ce qu’il en reste) de l’Education nationale ?

Parce que les profs sont mal payés, mal ou pas du tout formés (voir la réforme et la casse des IUFM), peu considérés, soumis à de lourdes contraintes administratives, à la pression de certains parents et des quelques associations réactionnaires qui les soutiennent, et ne disposent pas des moyens qui leur permettraient d’assurer leur travail dans des conditions correctes.

Et voilà qu’en plus, vous allez sans doute supprimer – mais pas avant les élections présidentielles de 2012 ! – seulement deux semaines des vacances d’été sous prétexte de donner un meilleur « rythme » à l’année scolaire :

« Corollaire de la priorité donnée à la régularité des pauses pour que le temps d’enseignement soit mieux réparti sur l’année et pour éviter une trop longue rupture, préjudiciable à la continuité des apprentissages, nous proposons de réduire de deux semaines la durée des vacances d’été :

– il ressort en effet de l’évolution des temps sociaux que les habitudes des familles ont changé, elles sont plus attachées à plusieurs coupures annuelles qu’à une seule période de congé long ;

– la priorité donnée à l’égalité des chances commande également de rappeler que tous les élèves ne partent pas en vacances durant la totalité de ce temps de congé long, dit de vacance. Et un enfant sur trois ne part pas du tout ;

– le comité a par ailleurs le souci d’être vigilant sur la qualité de scolarisation des enfants en situation de handicap : une réduction des vacances d’été leur serait très favorable, compte tenu du préjudice plus particulier que constitue pour eux l’interruption des rythmes. » (page 24 du rapport cité)

A cette occasion, il paraît que vous allez « zoner » la France en trois, tout ceci faisant partie, si l’on a bien compris l’étude dirigée par Odile Quintin et Christian Forestier, d’une politique de circulation routière fortement réfléchissante.

Alors, en attendant que vous mettiez en pratique les propositions « pédagogiques » du Comité de pilotage de la conférence nationale sur les rythmes scolaires, un conseil : partez vite en vacances, Monsieur le ministre actuel de l’Education nationale, tant qu’il reste encore quelques semaines de libre, avant que l’échéance de mai 2012 n’arrive (même si le PS semble, hélas, partisan d’une semblable réduction) et que votre projet tombe à l’eau, celle de l’océan dans lequel vous ne pouvez jamais vous baigner au même endroit.

Si vous êtes alors devenu sans emploi, L’Oréal vous fera peut-être un appel du pied.

(Photo : Université Pierre et Marie Curie, 5e. Cliquer pour agrandir.)

(Saint-Saëns, Le Carnaval des animaux)

La plainte pour « tentative de viol » sera déposée aujourd’hui à Paris par Tristane Banon, sur conseil de son avocat : l’histoire est bien connue mais, lors de l’affaire DSK au Sofitel de New York (14 mai), il avait préféré ne pas « interférer » avec la procédure judiciaire américaine en cours.

Cela signifierait-t-il que celle-ci est désormais bouclée ? Le « non-lieu » annoncé comme probable à Manhattan a bousculé toutes les éminences du PS, prêtes même pour certaines à décaler les dates de clôture d’inscription aux primaires afin que DSK puisse, « s’il le désire », y faire bonne figure.

Pourtant, Fabien Namias, rédacteur en chef (politique et économie) de France 2, affirmait hier, lors du journal de 20 heures, tenir de quelques personnes de l’entourage de DSK, qui l’avaient eu au téléphone récemment, que celui-ci n’envisageait plus l’élection présidentielle de 2012 comme une échéance pour lui-même.

En attendant, l’ex-directeur du FMI est rattrapé maintenant par les dires de la désormais célèbre Tristane Banon – fille d’Anne Mansouret, une hiérarque du PS, qui se présente elle-même aux primaires socialistes… – concernant l’agression par « un chimpanzé en rut » dont elle aurait été la proie en février 2003.

(Capture d’écran de Rue89. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

« Info ou intox ? », comme dirait le présentateur qui sonne hardi pour l’audience des émissions « trash » dont il fait commerce.

Presque assuré d’être « blanchi » à New York, DSK est à nouveau « noirci » à Paris. Pas de chance avec les femmes, lui qui les aime tant : le voici victime de harcèlement judiciaire international ! Il était donc logique qu’il porte plainte à son tour (pour « dénonciation calomnieuse » s’agissant de faits « imaginaires »).

On examinera donc avec intérêt si la justice française sait, aussi bien que sa cousine américaine, démêler le faux du vrai et le récit de la fiction : un nouveau chapitre de storytelling, toujours brillamment analysé par Christian Salmon, vient de s’ouvrir, cliquer sur l’écran ou l’effleurer pour tourner les pages.

(Herbie Hancock, Cantaloupe Island)

Les jambes appuient sur les pédales, le mouvement est fluide une fois lancée la machine. Les muscles des cuisses se durcissent, ils obéissent au doigt et à l’œil (celui-ci regarde parfois dans le petit rétroviseur à gauche du guidon).

(Photos prises hier matin à Paris. Cliquer pour agrandir.)

C’est comme si l’on disposait soi-même de bielles et le sifflet de la locomotive est remplacé par la sonnette joyeuse du vélo. Les joggeurs courent presque tous dans le même sens (direction tour Eiffel), les cyclistes slaloment gentiment, quelques promeneurs paraissent excessivement lents sur la voie rapide.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

La Conciergerie a troqué sa pub pour l’iPad 2 contre une nouvelle bâche étalant la marque Mercier – on attend la veuve Clicquot pour une prochaine fois.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

La presse française découvre la justice américaine grâce à l’affaire DSK dont le dénouement semble approcher à grands pas. Et la justice française n’a rien d’équivalent à se mettre sous la dent ces temps-ci, sauf peut-être une histoire hilarante de signalisation routière.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

(Ray Charles, Hit the Road, Jack)

Au début, on se demande de quoi il s’agit : nouvelles fontaines Wallace, troncs religieux pour renflouer l’église de Saint-Nicolas du Chardonnet ? Le chapeau pointu fait penser immanquablement au père Ubu – sans l’humour.

 (Photos prises le 1er juillet à Paris. Cliquer pour agrandir.)

Et puis, il y a huit jours, près du cinéma MK2 quai de Loire (19e), l’inscription verticale en noir ne laisse plus aucun doute : un jogger décontracté s’arrête devant tout le monde pour pisser dans le bac.

(Photo : cliquer pour agrandir.)

Voilà donc le roi Decaux, qui possède pourtant quelques milliers de bunkers enracinés sur les trottoirs parisiens, comme détrôné de son monopole par ces ridicules édicules, plutôt indiscrets (sauf pour ceux ou celles qui voudraient se rincer l’œil).

Le « mobilier urbain » vient de faire un grand jet en avant. La vespasienne près de la prison de la Santé demeure unique.

Plus loin, des fleurs poussent à même le bitume : les vraies auraient-elle déjà disparu ?

(Photo prise le 2 juillet. Cliquer pour agrandir.)

(Ravel, Jeux d’eau)

La journée d’hier fut celle, à nouveau, des caméras de télé installées en direct devant le domicile de DSK puis à l’entrée du tribunal pénal de Manhattan. L’inculpé en est sorti « libre sur parole », mais les charges pour « crimes sexuels » demeurent (prochaine convocation le 18 juillet).

L’audience surprise s’est tenue à la suite des révélations du New York Times du 30 juin (qui a ainsi battu sur la corde le peu reluisant New York Post) et d’une lettre du procureur Cyrus Vance adressée aux avocats de DSK concernant les mensonges, notamment devant le Grand Jury, de la victime présumée, Nafissatou Diallo.

(Capture d’écran du Nouvel Observateur. Le tag a été rajouté. Cliquer pour agrandir.)

L’avocat de cette dernière a listé (avant d’être interrompu brutalement sur France 2, en « live », par Laurent Delahousse) les faits matériels qui montreraient la culpabilité réelle de l’ex-directeur du FMI.

Du côté du PS, on se réjouit même si les échéances des « primaires » – sauf pour François Hollande – semblent ne pas pouvoir être bousculées.

Alors, pour DSK, une victoire à la Cyrus ?

Luxe

Publié: 1 juillet 2011 dans vases communicants
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Le Tiers livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.

La liste complète des participants se trouve ici grâce à Brigitte Célérier.

Aujourd’hui, l’échange a lieu entre Les Heures de coton et L’Irréductible.

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Je suis en délicatesse avec l’orthographe. Depuis enfant. J’ai excellé en tout, sauf à savoir décortiquer les sens du mot. Je n’ai pas voulu prendre cela au sérieux. Quand je l’ai fait, il était trop tard.

C’est surtout sur leur signification que je butais. Par exemple, confondre amour et attirance sexuelle m’a valu un mariage qui est vite devenu une somme d’habitudes et de désirs absents. En conjuguant nos deux salaires et nos horaires sans fin à l’hôpital, en y ajoutant une nounou pour les filles, une maison, oui pas un loft ou un triplex, une maison parisienne, en y retranchant les conséquences financières et sociales d’un divorce – pourquoi faire ? Un amant ou une maîtresse reste un à-côté agréable et moins onéreux – nous avons colmaté les brèches. Naviguer à vue en cabine première classe est un moindre mal.

Mais cette première erreur ne me servit pas de leçon, il me fallut comprendre que mon idée du luxe aussi était faussée. J’aimais le beau depuis toujours, depuis qu’il m’avait fallu emprunter une combinaison de ski pour la classe de neige, donner à ma cousine le seul jean de marque qu’un anniversaire avait apporté : tu comprends, elle n’a pas grand-chose, la pauvre, cela lui ferait tellement plaisir. Là, j’ai troqué l’obéissance contre un vernis de générosité. Je rageais en silence, espérant, un jour, pouvoir m’offrir la terre et le contenu des vitrines qui me narguaient et que j’évitais désormais. Le beau, inaccessible, devenait une souffrance. Et quand mes parents m’ont traînée pour que je choisisse un papier peint sur lequel six mois de discussions n’avaient pas réussi à les mettre d’accord, je tendis immédiatement le bras. « Mademoiselle a du goût, le plus cher ! » Dès lors, j’ai confondu le luxe, le bon goût et la facture, TVA comprise.

(Peinture : Jean-Marc Devulder. Cliquer pour agrandir.)

« Allez viens, écoute… ». Je raccroche. Mélanger gentillesse et lâcheté me vaut de foutre en l’air la moitié d’une RTT. C’est fait maintenant : 15 h 45, je serai 45, rue des Bénédictins chez Anne-Maude, un bout de femme en vert bouteille et ballerines repetto claires, cheveux lisses et Jaguar toujours à l’heure devant le collège. Soupir, je diminue la liste de ce que je devais faire et accélère le pas ; je ne pouvais m’offrir qu’une heure d’école buissonnière, qui, désormais, sera engloutie entre deux macarons et un nuage de lait. Re-soupir car je vais devoir admirer les mêmes tasses délicates, la même déco taupe et gris pâle avec des murs style béton et de petites choses déposées ça et là pour faire chic, tiens, le tableau du « peintre ». Les mêmes visages où tout conjure la quarantaine à l’approche : une touche de blush, d’anticerne, une aiguille pour effacer la patte d’oie, la semaine passée et ce regard absent, posé sur la parenthèse du jeudi, dans une garçonnière, entre 15h et 16h. Laurent ? Ou Pierre-André. Tout va si vite. Encore un peu de thé ?

Ma voisine hoche la tête. Le Darjeeling est peut être exquis, je n’écoute plus le bavardage qui règne dans le salon. Absorbée par l’enfilade de tableaux, meubles, vases, qui semblaient tous afficher un prix indécent. Ont-ils été juxtaposés dans l’ordre chronologique de leur arrivée ? Et stupéfaite de cette phrase qui vient de jaillir dans la conversation : un chien aussi complète le tableau, un truffier « acquis avec le terrain adéquat. Notre dernière lubie, nos propres truffes ! » Bouche bée devant le ravissement des convives à cette nouvelle, je rajoute un zeste de citron dans ma tasse. Avec trois sucres de trop. Le goût et le luxe.

Je repense au papier peint que j’avais conseillé à mes parents, du haut de mes quinze ans ; le prix n’avait rien eu à voir avec mon choix. Des volutes et des motifs cachemire gris et bleu perle. Je les revois, après la pose. L’odeur de colle et la beauté du marbre de la cheminée, les carrelages-mosaïques qui tournaient leurs camaïeux et leurs ors sur le sol glacé du séjour et ce papier, comme un écho pâle qui en relevait la complexité plutôt que de l’écraser.

Je me lève, prétextant un appel de l’hôpital, et je fuis poliment. Je longe le canal jusqu’à ce banc. Observer le ciel imbriqué dans les toits des vieux immeubles, surprendre le clapotis de l’eau. Rentrer. Echanger un mot avec Ada et Victoire, après leurs cours de contrebasse et de hautbois. Minuit arrivera. Oui, l’attendre, lui, pour une fois, un verre de vin à la main. Un autre que je lui tendrai. Et une parole aussi.

Texte : Caro_carito